Aidons avec des meubles

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Imaginez devoir fuir votre maison, laisser derrière vous les biens qui vous sont précieux et arriver dans un pays étranger avec seulement deux valises et à peine de quoi nourrir votre famille. Imaginez avoir été témoin d’horreurs qui vous ont causé des traumatismes et devoir vous adapter, sans même un lit où vous poser. Cette dure réalité est celle de milliers de familles de réfugiés qui arrivent à Ottawa chaque année. Natalie Maione, fondatrice d’Aidons avec des meubles, s’est donné pour mission de les aider à s’installer dans leur nouveau domicile. Depuis plus de 15 ans, l’organisme entrepose, trie et livre tout ce dont les personnes récemment arrivées ont besoin, des matelas aux vélos, afin de meubler des demeures aux quatre coins de la ville.

Dans la communauté de Beacon-Hill/Cyrville, à Ottawa, Natalie Maione est une vraie légende. Parcourez le quartier et vous la trouverez en train d’aider des voisins ou de conduire un camion de livraison jaune (connu sous le nom du canari jaune) rempli de meubles. Si vous mentionnez son nom, on vous fera son éloge ou on vous racontera une anecdote illustrant sa gentillesse. Natalie Maione est pourtant tout à fait humble et apporte son aide avec décence et respect – sans pitié. Enseignante de maternelle à temps plein, elle a fondé Aidons avec des meubles en 2005 après avoir été choquée par les conditions de vie des personnes réfugiées au Canada, à qui elle venait en aide comme bénévole de son église. Son organisme s’engage envers les objectifs de développement durable de l’ONU en réduisant les inégalités au sein des communautés et en détournant des meubles de l’enfouissement de façon à diminuer leur empreinte écologique.

Natalie Maoine a entendu des histoires déchirantes au fil de ses rencontres avec des milliers de familles.

 

“Le plus dur a été d’aider une femme qui arrivait seule ici, après avoir vécu le génocide au Rwanda. J’ai découvert qu’elle avait été non seulement violée, mais également témoin de l’exécution de son mari, du viol de sa fillette et du meurtre de son fils de 9 ans, enterré vivant. Je n’arrivais pas à imaginer la somme de courage nécessaire pour continuer à mettre un pied devant l’autre. Je ne pouvais même pas la regarder dans les yeux, mais son courage m’a poussée à faire de mon mieux pour les gens dans le besoin”, raconte-t-elle.

Mais au-delà des histoires de traumatisme, il y a des moments de joie. « Un soir d’hiver, nous meublions le logis d’une jeune mère célibataire, raconte Natalie Maoine. C’était sombre et froid. Nous avons apporté des accessoires incroyables et avons réfléchi à la décoration. Pendant que les enfants dormaient, nous avons apporté des jouets, des livres et des vélos, en imaginant leur excitation au réveil. La maman avait étendu du papier bulle dans le couloir, pour éviter que nous salissions le plancher, et cela nous a beaucoup fait rire. Le lendemain, elle m’a écrit pour me raconter le bonheur et l’excitation des enfants, mais aussi pour nous remercier d’avoir fait de cette soirée un moment amusant et joyeux. »

Depuis 2005, Aidons avec des meubles s’adapte aux besoins de sa communauté : sa croissance lui permet de venir en aide à une clientèle plus variée, y compris les personnes qui fuient la violence familiale, souffrent de maladie mentale ou doivent se réinstaller après un incendie. Natalie Maoine réchauffe les demeures et veille à ce qu’aucune famille n’ait à dormir sur le sol.