Changer des vies, une brassée à la fois

La Community Laundry - Image

Située dans le quartier Vanier à Ottawa, la Community Laundry Co-operative opère une buanderie abordable et offre des services aux personnes à faible revenu depuis 1999. Année après année, la coopérative peine à joindre les deux bouts. La COVID-19 l’a mise à genoux. Alors qu’elle était au bord de la fermeture, la Fondation communautaire d’Ottawa, la Ville d’Ottawa, le Centre for Social Enterprise Development et la Fondation RBC sont intervenus pour combler l’écart dans son budget de fonctionnement.

La plupart des gens ne réfléchissent pas au rôle essentiel de la lessive dans leur vie et pourtant, le lavage des vêtements assure la propreté, protège la santé physique, améliore l’estime de soi et favorise le développement de liens sociaux. Aujourd’hui stagiaire, Holly Petersen a fait ses débuts à la coopérative en tant que bénévole: “L’accès à une buanderie abordable permet de soutenir la santé mentale et aide les gens à trouver un emploi et à le garder. Les enfants ont besoin de vêtements propres pour éviter d’être intimidés à l’école. La société vous juge à vos vêtements. Faire sa lessive à prix abordable, ce n’est pas un luxe.”

Les 17 objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD) sont un appel à l’action adopté par 193 pays et visant à créer des sociétés résilientes et des économies vertes et inclusives. La Community Laundry Co-operative (CLC) favorise notamment l’atteinte de l’ODD no 3: BONNE SANTÉ ET BIEN-ÊTRE.

Basée à la Maison Heartwood, la CLC est en partie un organisme à but non lucratif, en partie une entreprise sociale. Le coût annuel pour y adhérer est de 2 $. Là-bas, les membres peuvent laver et sécher leur linge, avoir accès à du savon, des produits blanchissants et des feuilles d’assouplissant textile, et prendre un thé ou un café, le tout pour 2 $. Beaucoup des membres de la coopérative dépendent de programmes gouvernementaux; la plupart vivent dans la pauvreté. Bon nombre sont des personnes récemment arrivées au Canada ou des personnes aînées.

La CLC favorise donc aussi l’atteinte de l’ODD PAS DE PAUVRETÉ. Les 200 membres peuvent compter sur une communauté solidaire. Beatriz (Betty) Banos Matos, travailleuse sociale et conseillère, aiguille les individus et les familles vers différents services : camps d’été, programmes de raccrochage scolaire, aide à l’emploi, cours de langue, garde d’enfants et services culturels. “Avoir accès à de la formation, rémunérée ou non, et se faire aiguiller vers des organismes d’aide à l’emploi remettrait vraisemblablement en cause les fondements mêmes de la pauvreté,” soutient Phil Robinson, directeur général.

En opérant une buanderie abordable et en offrant des services de counseling et d’aiguillage, la CLC favorise enfin l’atteinte de l’ODD INÉGALITÉS RÉDUITES et s’assure que personne n’est laissé pour compte.

Phil Robinson retient des larmes en racontant l’histoire d’une membre. Mère de deux jeunes enfants et nouvelle arrivante, elle ne parlait ni anglais ni français et était victime de violence conjugale. Grâce à des services de counseling et d’aiguillage, elle a suivi des cours de langue, a eu accès à une garderie et s’est inscrite à une formation postsecondaire. Enfin, la coopérative l’a aidée à quitter son conjoint violent.

La coopérative se finance par l’entremise d’une blanchisserie commerciale. Sa clientèle comprend des cliniques médicales, d’acupuncture et de massothérapie ainsi que de petits hôtels. Ce volet représente une occasion pour les membres de se préparer au marché de l’emploi, d’obtenir une expérience de travail et de gagner un certain revenu. Phil Robinson dit ne pas penser à l’échelle mondiale en ce moment. Il a toutefois pour objectif de rendre ce service plus largement accessible à Ottawa.

“Une personne inspirante a déjà affirmé entre nos murs que ‘nous changeons des vies – une brassée à la fois.’”